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« Le lien entre les frères et sœurs est la relation familiale la plus sous-estimée »

19/11/2020 - Vivre avec ses frères et sœurs devrait être la norme. Et pourtant, cela ne l’est pas pour les enfants qui grandissent dans l’aide à la jeunesse : trop souvent, nous constatons que les frères et sœurs sont séparés les uns des autres. Alors que le législateur belge examine actuellement une proposition de loi capitale pour donner aux frères et sœurs le droit de ne pas être séparés, Hilde Boeykens, directrice de SOS Villages d’Enfants Belgique, insiste plus que jamais sur l’importance de maintenir les relations fraternelles.

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Lorsque leur maison n’est plus un endroit sûr et chaleureux et que la décision est prise de les placer, les frères et sœurs sont encore souvent séparés à l’heure actuelle. Nous en sommes conscients, car c’est la réalité à laquelle sont confrontés nos collègues d’autres institutions et de nos propres projets d'accueil en Belgique. Une première enquête réalisée à la fin de l'année dernière l'a confirmé : cette enquête, menée auprès de 100 jeunes ayant une expérience dans l’Aide à la jeunesse en Flandre, a montré que 7 jeunes sur 10 n'ont pas grandi avec un ou plusieurs de leurs frères et sœurs.

Derrière ces chiffres, il y a des histoires poignantes. Les enfants doivent quitter leur maison et leurs parents, ce qui est déjà en soi une expérience très difficile. La perte de leurs frères et sœurs rend la situation encore plus grave. Nous en sommes les témoins directs : notre équipe est en ce moment préoccupée par la situation d’un frère et de sa petite sœur, âgés respectivement de cinq et deux ans. Le jeune garçon ne grandit plus chez ses parents depuis un certain temps et, quand sa petite sœur est née, il n’était déjà plus présent à la maison. Lorsque la petite fille a eu environ un an, les deux enfants ont été réunis chez l'un de nos parents Simba. Ce qu’il s’y est passé est tout simplement formidable : le jeune garçon, qui était jusque-là un enfant aux prises avec lui-même, est devenu un grand frère attentionné et très fier de sa sœur. Son estime de soi s’est considérablement améliorée. Sa petite sœur se sent elle aussi de mieux en mieux dans sa peau. Notre parent Simba a tout fait pour que les enfants puissent rentrer chez eux. Mais, malgré son accompagnement intensif, cela n'a malheureusement pas abouti et nos collègues sur le terrain sont contraints de chercher une nouvelle solution durable pour ces enfants. Cela fait des jours que nous évaluons, avec toutes les personnes concernées, tous les scénarios possibles pour l’avenir de ces enfants. Mais dans aucun scénario - pas un seul - il n'existe de solution pour que le frère et la sœur puissent grandir ensemble.

© Quirine Cuyle

« Cela fait des jours que nous évaluons, avec toutes les personnes concernées, tous les scénarios possibles pour l’avenir de ces enfants. Mais dans aucun scénario - pas un seul - il n'existe de solution pour que le frère et la sœur puissent grandir ensemble. »

Hilde Boeykens, directrice de SOS Villages d'Enfants Belgique

Cette lourde décision aura un impact énorme sur la vie de ces enfants. Ils risquent de perdre la relation familiale la plus durable qu’ils possèdent. Maintenant qu'ils ne peuvent plus grandir auprès de leurs parents, leur relation est leur lien le plus important avec la famille dans laquelle ils sont nés. S'ils restent ensemble, ils pourront développer de nombreuses compétences sociales et tisser des liens qui dureront toute la vie : se disputer et se réconcilier, se confier des secrets, apprendre à accepter les défauts de l'autre, partager la tristesse de la séparation avec leurs parents, rire et grandir ensemble dans un nouvel endroit. Mais, s’ils sont séparés, une nouvelle perte et un nouveau traumatisme s’ensuivront et viendront s’ajouter à la perte de leurs parents et de leur maison.

« S'ils restent ensemble, ils pourront développer de nombreuses compétences sociales et tisser des liens qui dureront toute la vie. Mais, s’ils sont séparés, une nouvelle perte et un nouveau traumatisme s’ensuivront et viendront s’ajouter à la perte de leurs parents et de leur maison. »

Hilde Boeykens, directrice de SOS Villages d'Enfants Belgique

Notre équipe fait de son mieux, les services d’accueil familial aussi, tout comme les juges de la jeunesse, les conseillers et les nombreuses personnes actives sur le terrain. Nous ne trouvons pourtant pas de solution, parce qu'il y a un problème structurel à la base. Nous invitons donc l'ensemble du secteur et les responsables politiques à créer les conditions permettant d'éviter ce genre de situation. Cela commence par l’inscription dans la loi du droit des frères et sœurs à ne pas être séparés, en adoptant la proposition de loi qui est maintenant sur la table de la Commission de la Justice au Parlement fédéral. Sur cette base, nous pourrons chercher des solutions concrètes et réalisables avec tous les acteurs concernés. Et SOS Villages d'Enfants continuera à sensibiliser les gens à la force que représente la relation entre les frères et sœurs jusqu'à ce que cela devienne un droit évident, comme c'est déjà le cas actuellement pour la relation avec les parents et les grands-parents. Parce le lien entre les frères et sœurs est aujourd’hui la relation familiale la plus sous-estimée.

Découvrez ici les actions que nous avons entreprises pour permettre aux frères et sœurs de grandir ensemble.

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