• Home
  • 400 professionnels de l’aide à la jeunesse se réunissent pour en apprendre plus sur la prise en charge sensible aux traumatismes

À la une Travail politique

400 professionnels de l’aide à la jeunesse se réunissent pour en apprendre plus sur la prise en charge sensible aux traumatismes

20/10/2022 - La majorité des enfants et des jeunes pris en charge dans l’aide à la jeunesse ont dû faire face à des expériences traumatiques répétées durant leur enfance. L’impact de ces expériences est encore trop souvent sous-estimé ou mal compris par les adultes qui les entourent. C’est pour que chaque enfant puisse à l’avenir trouver le soutien et la reconnaissance dont il a besoin que nous avons réuni à Namur des personnes ayant vécu des expériences traumatiques, des psychologues et des intervenants sociaux pour sensibiliser 400 professionnels de l’aide à la jeunesse.

GD_DSC6503 copy

© Griet Dekoninck


« Nous pouvons expliquer aux professionnels ce qui nous a aidé »

Daniel, Meredith, Christine, Nikita et Mélanie sont les 5 personnes ayant vécu des expériences traumatiques répétées durant leur enfance qui ont partagé leur histoire devant les professionnels de l’aide à la jeunesse. Pour elles, il était important de sensibiliser ces personnes, chargées de prendre soin des enfants au quotidien, sur l’impact que peuvent avoir les expériences sur la vie des jeunes, mais aussi de partager avec elles les petits gestes ou les paroles qui peuvent les aider ou les freiner dans leur processus de rétablissement.

Meredith : « En général, lorsque l’on évoque les traumatismes, on écoute les experts. À nous, les victimes, on nous dit que c’est courageux de parler, sans écouter réellement ce que l’on dit. Nos témoignages ne sont pas vraiment vus comme une expertise. Mais en tant que personnes ayant fait l’expérience de traumatismes durant l’enfance, nous pouvons expliquer aux professionnels de l’enfance ce qui nous a aidé et ce qui ne nous a pas aidé. »

5 personnes ayant vécu des expériences traumatiques répétées dans l'enfance ont pris la parole © Griet Dekoninck

5 personnes ayant vécu des expériences traumatiques répétées dans l'enfance ont pris la parole © Griet Dekoninck

2/3 des professionnels ne sont pas ou peu formés sur les traumatismes

Comprendre les traumatismes et leur impact sur l'enfant et sur son environnement est essentiel. C’est ce que Stéphanie Garbar et Johanna Cwiek, psychologues chez SOS Enfants Charleroi, ainsi que Raphaël Gazon, psychologue clinicien, psychothérapeute et directeur du Centre PEPS-E, ont voulu mettre en avant lors de notre journée de sensibilisation. « Les enfants dépendent d’un adulte car ils ne savent pas se réguler seuls. Ils ont donc besoin de figures parentales sensibles, accordées et régulantes. Si la réponse parentale à leur sollicitation est imprévisible, absente ou inadéquate, il y a alors un risque de développer un traumatisme complexe », explique Stéphanie.

Un avis que partage Adeline Puerta, qui a présenté les formations portant sur les pratiques sensibles aux traumatismes développées par SOS Villages d'Enfants : « Dans le cadre de l’étude préliminaire visant à identifier les besoins en Belgique, 2 tiers des professionnels que nous avons interrogé ont déclaré n’avoir reçu que peu ou pas de formation sur la compréhension des traumatismes de l’enfance ou sur l’impact des traumatismes sur le développement de l’enfant. Pourtant, les intervenants sociaux ont un rôle important à jouer dans la prise en charge quotidienne. »

« Les intervenants sociaux ont un rôle important à jouer dans la prise en charge quotidienne. »

Adeline Puerta, SOS Villages d'Enfants Belgique

« C’est important d’apprendre et de développer d’autres outils pour accompagner les jeunes »

C’est aussi le constat de Joris Gilson, membre de l’asbl Point-Virgule et participant aux formations. Lors de la journée de sensibilisation, il a lui aussi souligné l’importance de former les professionnels de l’aide à la jeunesse aux traumatismes : « La notion de trauma revient très régulièrement dans notre travail au quotidien. Il me semblait important d’en savoir davantage, d’apprendre et de développer d’autres outils pour accompagner les jeunes au quotidien. »

Delphine, qui est aide-soignante chez SOS Villages d’Enfants, confirme : « Cette approche est importante pour des personnes qui, comme moi, ne sont pas qualifiées au niveau éducatif car les traumatismes sont partout : les enfants arrivent chez nous avec et vivent avec. Cela nous permet de mieux comprendre ce que nous aurions pu juger auparavant comme étant un comportement inadéquat. Cela nous permet de voir plus loin, de pouvoir les reconnaitre dans leur traumatisme et de pouvoir les apaiser dans leur peur. Car ce n’est peut-être que ce qu’ils demandent : de la reconnaissance. »

« Cette approche nous permet de voir plus loin, de pouvoir reconnaitre les enfants dans leur traumatisme et de pouvoir les apaiser dans leur peur. »

Delphine, participante aux formations

« Vous n’êtes pas problématiques, vous avez besoin de soutien »

La journée s’est clôturée par l’intervention de Madame Valérie Glatigny, Ministre de l’Aide à la jeunesse, qui a affirmé son engagement à poursuivre le travail afin de répondre de façon adéquate aux besoins des enfants et des jeunes et de renforcer la protection des tout-petits entre 0 et 6 ans. Elle a aussi tenu à adresser un message fort aux enfants eux-mêmes :

« Vous n’êtes pas problématiques, vous vous exprimez avec les moyens dont vous disposez. Vous n’êtes pas problématiques, vous avez besoin de soutien, d’être compris et rassurés. Vous avez le droit d’être entendus dans vos souffrances. Vous avez le droit de déposer vos récits traumatiques et de bénéficier d’une écoute attentive, sans jugement ni a priori. Vous avez le droit de vivre dans un endroit sécurisant, qui vous donne de l’amour et toute l’affection dont vous avez besoin. Vous avez le droit d’être accompagnés dans votre développement personnel. Notre responsabilité à tous est de vous offrir un accompagnement adéquat et de vous permettre de vous construire dans les meilleures conditions qui soient. »

Madame la Ministre Valérie Glatigny était présente lors de notre journée de sensibilisation © Griet Dekoninck

« Notre responsabilité à tous est de vous offrir un accompagnement adéquat et de vous permettre de vous construire dans les meilleures conditions qui soient. »

Madame Valérie Glatigny, Ministre de l’Aide à la jeunesse

Un guide pratique axé sur la prise en charge sensible aux traumatismes

Pour contribuer à construire une aide à la jeunesse dans laquelle les intervenants sociaux disposent des outils pour comprendre et décoder les comportements des enfants et y réagir de manière adaptée, nous avons rédigé, en collaboration avec le centre d’expertise CELCIS, un guide pratique afin d’encourager les professionnels de l’enfance à intégrer une approche sensible aux traumatismes dans leur pratique quotidienne. Il vise à permettre aux intervenants sociaux d'adopter un regard allant au-delà du comportement observable de l’enfant, en accordant suffisamment d'attention aux traces de traumatismes éventuels.

Nous mettons également à disposition un manuel de développement organisationnel pour adopter une approche sensible aux traumatismes à l'échelle organisationnelle. En effet, un changement de cette ampleur n'est possible qu’à travers un changement de culture organisationnelle. Cela implique l’ensemble des membres de l’organisation : aussi bien les équipes de terrain que la direction.

Un pas de plus vers une meilleure prise en charge des traumatismes

Réunir 400 professionnels autour de la thématique des expériences traumatiques répétées est une première étape pour atteindre notre rêve : que chaque enfant qui grandit dans l’aide à la jeunesse se sente aimé, compris et reconnu par les personnes autour de lui.



Ce projet a été réalisé en collaboration avec différents partenaires :


Apportez votre soutien et soutenez les enfants dans le besoin !

Devenez parrain