Travail politique
En collaboration avec des personnes ayant vécu des expériences traumatiques répétées durant l’enfance, nous concevons cette année une œuvre d'art participative : « Bijou de Ville ». Dans le square Marguerite Duras, à côté du Marché aux Poissons dans le centre de Bruxelles, cette œuvre d'art permettra d'honorer les personnes ayant vécu des expériences traumatiques répétées durant l’enfance.
Cette œuvre d'art sera composée de centaines de perles colorées racontant chacune une histoire individuelle au message fort : « Ce que vous avez vécu n'aurait jamais dû arriver. Ce n'est pas de votre faute. Vos réactions sont des réactions normales face à une situation anormale. Ensemble, nous allons nous battre pour que cela ne se reproduise plus jamais. » De nombreuses personnes portent avec elles les conséquences de leur traumatisme tout au long de leur vie. C'est précisément la raison pour laquelle nous considérons qu'il est essentiel de sensibiliser aux comportements sensibles aux traumatismes.
Notre priorité absolue est de créer des environnements sûrs, où les enfants peuvent nouer des relations sûres avec des adultes présents et bienveillants pendant leur enfance. Il est primordial de comprendre l'impact des traumatismes et la manière de les gérer.
Hilde Boeykens, directrice de SOS Villages d’Enfants Belgique« Chaque enfant a le droit de grandir dans un environnement sûr et stable et d'entretenir des relations sûres et durables avec des adultes bienveillants. »
La société peut jouer un rôle important pour les personnes qui n'ont pas été crues ou entendues, en leur offrant la reconnaissance d'un cadre plus large. La reconnaissance peut les soutenir dans leur cheminement vers le rétablissement. Avec cette œuvre d'art, nous voulons aussi sensibiliser l'opinion publique et améliorer la compréhension des traumatismes vécus par les enfants et de leurs conséquences possibles. Plus nous aborderons ce sujet dans l'espace social, plus le tabou sera brisé. Cela peut encourager tant les parents que les enfants à oser parler de ce qui leur arrive ou est arrivé.
Meredith, personne ayant vécu des expériences traumatiques répétées« Si vous avez vécu un traumatisme dans votre enfance, vous avez souvent appris à garder le silence. Parce que les auteurs menacent de conséquences catastrophiques. Parce qu'on ne vous croit pas. Souvent, les victimes se taisent et portent seules leur traumatisme. C'est pourquoi "reconnaître ce qu’il s'est passé", ce qui s'est réellement passé, est la clé d'un éventuel rétablissement. »
« Les ateliers créatifs pour le Bijou de Ville de Bruxelles se déroulent en plusieurs étapes », explique Meredith, qui anime un atelier. « Les participants transforment leur propre histoire en dessins ou en modèles. Ils utilisent ensuite ces dessins et ces modèles comme base pour fabriquer des perles lors des ateliers. Ces perles sont ensuite collectées, traitées et inventoriées, ce qui permet de donner un titre à chacune d'entre elles et de refléter la diversité des participants. Les participants sont d'âge, de sexe et d'origine différents, ce qui prouve que les traumatismes complexes sont un phénomène très répandu, souligne Meredith. Le Bijou de Ville illustrera cette diversité et l'impact des expériences traumatiques répétées durant l’enfance sur les individus. »
Les approches sociales sensibles aux traumatismes et l'importance du partage de connaissances par des personnes expertes ayant vécu des expériences traumatiques répétées sont considérées comme des étapes cruciales vers le rétablissement et la compréhension. « Pour rendre la société plus sensible aux traumatismes, il est nécessaire de partager davantage de connaissances sur les traumatismes et leur impact sur le cerveau, en particulier dans le cas de traumatismes complexes, pour lesquels la thérapie n'est pas suffisante pour y faire face, déclare Meredith. Les traces des traumatismes restent à vie. De plus, il est important que les gens osent partager leur histoire pour sensibiliser l'opinion et créer un sentiment de communauté parmi les personnes qui ont vécu des expériences traumatiques. Il est essentiel que les victimes ne restent plus isolées et qu'elles soient reconnues comme faisant partie d'un groupe plus large. Un groupe qui partage ses expériences et met en lumière l'impact des traumatismes sur la société. Outre les connaissances et l'expertise, la voix de ces personnes est essentielle pour construire une société sensible aux traumatismes. »
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