Travail politique
Alicia est une jeune femme de 19 ans qui a vécu des traumatismes complexes durant son enfance. Elle nous partage son expérience et la façon dont elle en a fait une force. Grâce à l'art et à l'introspection, elle essaye de gérer ses émotions et de développer un nouveau regard sur sa vie.
Ce témoignage a été recueilli dans le cadre de la création de 'Bijou de Ville' - le lieu de reconnaissance à Bruxelles pour les survivants de traumatismes multiples durant l'enfance.
« Je m’appelle Alicia. J’ai 19 ans. » Voilà comment la jeune femme débute son histoire. Elle a peint sa première perle en noir avec des fissures rouges en travers. « Le noir représente ce que je ressens, ce que le monde me fait ressentir et comment je le vois. Les fissures rouges représentent les traumatismes dans ma personnalité et comment je vois la vie. » Ce processus de création l'aide à exprimer ce qu’elle ressent et à donner une voix à ses émotions souvent incompréhensibles.
Alicia« J'ai l'impression que les gens savent peu de choses, et encore moins qu'ils comprennent ce qu'est un traumatisme, ce qu’il cause à quelqu'un et à quel point les conséquences sont graves. »
Alicia trouve qu’il y a encore trop peu de compréhension des effets des expériences traumatiques sur les personnes qui les vivent. Elle explique : « J'ai l'impression que les gens savent peu de choses, et encore moins qu'ils comprennent ce qu'est un traumatisme, ce qu’il cause à quelqu'un et à quel point les conséquences sont graves. » Elle insiste sur l'importance de comprendre et de sensibiliser aux expériences traumatiques, car il s’agit d’un phénomène souvent sous-estimé. « J'apprécie que l'on mette ce sujet en lumière », dit-elle.
Pour Alicia, la vie quotidienne est remplie de défis. Elle trouve qu’elle est souvent anxieuse et méfiante et qu’elle essaye d'éviter les situations et les gens. « Parfois, cela se remarque que je suis anxieuse. Parfois, pas du tout. C'est aussi une stratégie de survie pour ne pas montrer que je suis anxieuse. Ainsi, les gens ne s’imaginent pas que j'ai été une victime. »
Alicia« Ils me disaient : "Tu n'as pas l'air d’être malade, tu as un si beau sourire, tu vas quand même bien". »
Alicia essaie de cacher ses sentiments au travail. Elle décrit la surprise de ses collègues lorsqu'ils ont appris qu'elle suivait un traitement. « Ils me disaient : "Tu n'as pas l'air d’être malade, tu as un si beau sourire, tu vas quand même bien". Ça me fait rire encore plus fort et je me dis : "Vous n'avez vraiment aucune idée de ce dont vous parlez." »
Alicia trouve du réconfort dans l'isolement et se sent souvent plus en sécurité dans sa chambre. Les contacts sociaux lui en demandent beaucoup et génèrent une pression constante. Pendant les ateliers, elle ressent un peu de sérénité car tout le monde se concentre sur ses propres affaires. « C'est agréable de voir les perles des autres. On voit aussi que chacun d’entre nous a ses propres cicatrices et qu'il a trouvé une autre façon de survivre. »
Alicia« Les traumatismes prennent forme dans le passé, mais ils ne restent pas dans le passé. »
Les gens lui disent souvent de laisser le passé derrière elle. Mais, comme le souligne Alicia, les traumatismes ont un impact durable : « Les traumatismes prennent forme dans le passé, mais ils ne restent pas dans le passé. Ils ont toujours un effet sur la personne que vous êtes maintenant. » Elle compare les traumatismes à des boulets et à des chaînes sur son corps qui la tiraillent constamment.
Le manque de patience et de compréhension des autres frustre Alicia. Elle utilise l'exemple de ses chiens qui ont vécu des traumatismes pour expliquer comment les traumatismes peuvent se manifester : certains chiens fuient et se font tout petits, alors que d'autres se battent et attaquent. Cela reflète la façon dont les gens peuvent réagir à un traumatisme : se figer, fuir ou se battre.
« Je trouve ça beau que mes chiens montrent aux gens ce que les traumatismes font et comment chacun y réagit différemment », conclut Alicia. Son histoire nous rappelle la complexité des traumatismes et la nécessité de faire preuve de compréhension et de patience dans le processus de guérison.
Si la lecture de cet article vous a bouleversé(e) et que vous ressentez le besoin de parler à quelqu'un, n'hésitez pas à appeler les helplines disponibles. Pour les enfants et les jeunes en Fédération Wallonie-Bruxelles, contactez le numéro 103 (Écoute-Enfants) ou visitez www.103ecoute.be. Pour les adultes, le numéro 107 (Télé-Accueil) est à votre disposition, ou visitez www.tele-accueil.be.
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