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Parentalité positive

SOS Villages d’Enfants continue d’investir dans le lien parent-enfant

Nos parents, personne ne peut les remplacer. SOS Villages d’Enfants le sait bien. C’est pourquoi, même lorsque la famille est séparée, il est extrêmement important de donner une place aux parents dans la vie de leurs enfants.

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La visite hebdomadaire de leur père fait énormément de bien à Mathieu et à Léa

Stéphanie Haxhe, psychologue

En Belgique aussi, certains enfants ne peuvent pas grandir dans leur famille. En général, ce n’est pas qu’ils soient orphelins, mais leurs parents ne sont, provisoirement, pas ou plus en mesure de leur offrir un foyer sûr. Même s’ils ne peuvent pas vivre avec eux chaque jour, il est important pour les enfants de pouvoir leur donner une place dans leur vie.


Visite hebdomadaire

Stéphanie Haxhe, psychologue au Village d’Enfants SOS Chantevent (Marche-en-Famenne), prend un café en compagnie de Francine, mère SOS qui s’occupe depuis plus de vingt ans d’enfants dans la maison familiale Les Bruyères. Elles se sont installées aux Noisetiers, une maison spécialement aménagée pour la rencontre entre enfants et parents.

Francine accueille aujourd’hui quatre enfants : deux frères, Arno (8 ans) et Guillaume (10 ans), et un frère et une sœur, Mathieu (4 ans) et Léa (5 ans)*. Ces derniers vivent ici depuis un an. Leur mère est malheureusement décédée. Leur père les aime de tout cœur, mais il souffre de difficultés affectives doublées d’une addiction. Il leur téléphone chaque lundi et leur rend visite chaque mercredi. « Cela demande des efforts d’encadrer chaque fois cette rencontre », déclare Stéphanie. « Mon collègue Bruno de Vadder exerce parfaitement son rôle d'accompagnement des familles. C’est grâce à son travail que le père est si souvent présent. Et cela fait énormément de bien aux enfants. »

*Noms d'emprunt

Que se passerait-il si… ?

Commençons par nous demander ce qui se passerait pour les enfants si le lien avec les parents était brisé net ? Si nous n’investissions pas dans leur relation ?

Pour chaque relation parent-enfant, nous cherchons à établir un équilibre approprié

Stéphanie Haxhe, psychologe

Stéphanie : « Chaque être humain est indissociablement lié à ses parents. Si vous n’en avez pas d’image récente, vous allez vous en inventer une. Les enfants placés en institution idéalisent souvent leurs parents. Ils ne voient pas leurs défauts et ne comprennent pas pourquoi on les a éloignés d’eux. Certains se croient coupables de l’éclatement de la famille. Car, si ce n’est pas la faute des adultes, c’est forcément la leur. Ou ils se retournent contre l’institution. C’est pourquoi il est important que les parents restent présents si possible d’une manière ou d’une autre dans la vie de leurs enfants. Même un petit peu. L’histoire de leurs parents est un chapitre crucial du livre de leur propre existence. »

Des attentes réalistes

Que le père de Mathieu et Léa vienne les voir chaque semaine n’est pas du tout évident. Stéphanie : « N’oubliez pas que l’on travaille avec des personnes qui ont des difficultés et qui se cherchent. Avec des situations de violence et d’insécurité. Cela veut dire que, pour chaque relation parent-enfant, il faut chercher un équilibre. Ce n’est pas ‘tout ou rien’. Se voir chaque semaine, ou cesser toute relation. Nous cherchons à déterminer ce que les parents peuvent offrir, compte tenu de leur situation, de leur stabilité et de leurs difficultés. J’utilise à dessein le verbe ‘offrir’, car cela tourne surtout autour de ce qu’ils peuvent encore donner à leurs enfants. Parfois aussi, certains veulent voir leurs enfants surtout pour répondre à leurs propres besoins. Mais cela ne doit pas primer. Les parents doivent ‘mériter’ ce droit, si je puis dire. Nous cherchons ainsi à établir une relation qui soit stable. Où les enfants savent ce qu’ils peuvent attendre de leurs parents et pour quelles questions ils doivent plutôt s’adresser à leur mère SOS ou à leur accompagnateur SOS. C’est extrêmement important. Il n’y a rien de pire pour les enfants que d’être déçus par des parents qui ne répondent pas à leurs attentes. Qui ne se présentent pas à un rendez-vous. Cela leur fait mal. »

Ce n’est pas ta faute

Une fois l’équilibre trouvé, nous travaillons sur la relation, en cherchant comment épauler tant les parents que les enfants. Stéphanie guide la rencontre si elle veut aborder un sujet spécifique. « Mathieu et Léa éprouvent des difficultés à donner une place au décès de leur mère. Ils se demandent parfois si c’est à cause d’eux qu’elle n’est plus là. J’invite alors leur grand-mère, la maman de leur maman, à venir leur parler d’elle. Elle leur explique qu’elle était malade, qu’elle avait déjà des difficultés avant leur naissance.Et cela les aide. Ils se rendent compte ainsi qu’ils ne sont pas responsables. »

De même, nous aidons les enfants à comprendre que ce n’est pas leur faute si leur famille a éclaté. « J’ai récemment organisé une rencontre entre cinq frères et sœurs et leur père, qu’ils n’avaient plus vu depuis dix ans. Les enfants avaient des tas de questions. Pourquoi ai-je été placé en institution ? Pourquoi n’es-tu pas venu nous voir ? Pourquoi n’as-tu pas envoyé de carte pour mon anniversaire ? Le fait que les enfants puissent poser ces questions à leur père les réconforte énormément. C’est encore mieux s’ils obtiennent une réponse. Le père a expliqué pourquoi cela s’était passé ainsi. Il a admis avoir commis des erreurs et leur a parlé des problèmes auxquels il est lui-même confronté. Les enfants ont compris sa situation et pourquoi il n’a pas pu assumer son rôle de père. Sans le condamner. Avec compréhension. Et, ce faisant, ils acceptent aussi mieux leur propre histoire. »

Être ensemble, simplement

Pendant les visites, nous faisons aussi en sorte qu’ils puissent profiter du simple fait d’être ensemble. Ce n’est pas toujours facile : « Certains parents n’ont l’occasion de voir leur(s) enfant(s) qu’une heure par mois. Quand on n’a qu’une heure, il y a une sorte de stress, de tension. Comment remplir ce moment ? De quoi parler ? C’est pourquoi il est important que nous puissions les réunir dans cette maison. Ils ont l’espace pour faire des crêpes ensemble, jouer à un jeu de société, faire un bricolage ensemble. Des activités dans lesquelles ils peuvent se rencontrer très naturellement. »

Francine, mère SOS : « Pour Mathieu et Léa, c’est chouette que je sois si près (la maison familiale de Francine se trouve juste en face de la maison Les Noisetiers, ndlr). Ils viennent parfois me demander certaines choses ou je fais un saut auprès d’eux. J’ai ainsi noué moi aussi un lien de confiance avec leur père. A l’anniversaire de Mathieu, son papa avait apporté du gâteau pour toute notre maison familiale. Il fait ainsi un peu partie de notre vie. »

Chaque soir, ils reçoivent deux bisous : le mien, et celui de leur maman

SOS mère Francine

Tandis que Stéphanie encadre la relation avec les parents et le déroulement des visites, Francine donne aux parents biologiques une place dans la vie quotidienne des enfants. « Chaque soir, Mathieu et Léa reçoivent deux bisous au coucher : le mien, et celui de leur maman. Je trouve important qu’ils sachent que je ne la remplace pas. Mon amour, ils le reçoivent en plus. »

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