Parentalité positive
Se séparer de son ou sa conjoint·e est un grand chamboulement qui impacte forcément les relations dans la famille : comment continuer de vivre sereinement la relation parent-enfant lorsque papa ou maman n’est plus là au quotidien ? Nous avons posé la question à Jean-Marie Hoton, formateur et thérapeute dans notre village d’enfants belge.
Les parents qui se séparent sont confrontés à une situation difficile. Pour Jean-Marie Hoton, il est inutile de vouloir faire semblant : « L’enfant le sent, le voit et en est inévitablement impacté. » La séparation de ses parents peut être comparée à une perte, un deuil à faire.
« Il est important que l’enfant puisse avoir un espace de parole et mettre des mots sur la situation qu’il traverse. » Mais il est tout aussi important que les parents le rassurent avec des mots : même si ses parents se séparent l’un de l’autre, cela ne veut pas dire qu’ils se séparent de lui/elle. « Tu ne perds pas ta maman, tu ne perds pas ton papa. Ils/elles ne seront plus ensemble mais ils/elles seront toujours là. »
Bien sûr, à partir de maintenant, papa ou maman ne sera là qu’une semaine sur deux ou juste pendant les week-ends ou les vacances. « Psychiquement, l’enfant doit avoir conscience que son parent est toujours présent, même si ce n’est plus le cas physiquement. L’idéal est donc que chaque parent fasse exister l’autre. Par exemple : ″Que penses-tu que maman dirait de ceci ? Personnellement, je ne suis pas d’accord et je pense que maman ne le serait pas non plus.″ » Lorsqu’il y a un nouveau partenaire, il ou elle peut aussi participer à faire vivre l’autre parent de l’enfant dans l’esprit de celui-ci.
Jean-Marie Hoton : « Chaque parent doit garder son identité et sa place. Cela peut se compliquer lorsque l’un des deux parents rencontre un nouveau partenaire. Il faut alors éviter de créer une confusion chez l’enfant : papa reste papa, maman reste maman. Le nouveau partenaire n’est pas un second papa ou une seconde maman, il ou elle est le compagnon ou la compagne de son parent. Définir la place de chacun est très structurant pour l’enfant, quel que soit son âge. »
La communication entre les membres de la famille recomposée joue un rôle essentiel pour aider l’enfant à comprendre la place de chacun. « L’enfant, surtout lorsqu’il est petit, ″teste″ parfois pour se situer dans son nouvel environnement et situer les autres. Il va par exemple appeler la nouvelle conjointe ″maman″. » C’est alors au nouveau partenaire d’aider l’enfant à lui donner sa juste place : « Je ne suis pas ta maman, mais tu peux m’appeler par mon prénom ou par un surnom. »
Les transitions sont aussi perturbantes pour l’enfant. Chez l’enfant dont les parents sont séparés, quitter un parent pour aller vivre chez l’autre implique une transition. « Cela crée une confusion émotionnelle : l’enfant est content de retrouver un parent et en même temps mécontent de quitter l’autre, explique Jean-Marie Hoton. C’est un sentiment ambigu sur lequel il ne parvient pas forcément à mettre des mots. » Son conseil ? « Le parent peut aider l’enfant en mettant lui-même des mots sur ce que celui-ci ressent : ″Je vois que tu es déçu·e de me quitter mais je vois aussi que tu es content·e d’aller voir papa/maman.″ À l’inverse, le parent peut aussi exprimer à l’enfant son propre ressenti : ″Je suis déçu·e que l’on se quitte et en même temps content·e pour toi que tu retrouves papa/maman.″ »
Si l’organisation des deux parents le permet, Jean-Marie Hoton conseille à celui/celle dont le temps de garde prend fin d’aller conduire l’enfant chez son autre parent plutôt que l’inverse, afin de faciliter la transition : « Par cet acte, vous faites inconsciemment passer à votre enfant le message que vous êtes d’accord qu’il vous quitte pour aller chez son autre parent, que vous acceptez d’être séparé·e de lui. »
« Je propose aussi aux parents d’instaurer un rituel d’accueil. Le rituel rassure l’enfant et lui donne un point de repère. » Si possible, essayez de l’accueillir chez vous toujours de la même façon : votre enfant sait qu’il arrivera chez vous à telle heure, qu’il déposera sa valise à tel endroit, que vous mangerez ensemble son plat de pâtes préféré le soir…
"Même si les parents de l’enfant se séparent, cela ne veut pas dire qu’ils se séparent de lui/elle."
Jean-Marie Hoton recommande également aux parents de s’accorder ensemble sur les moments où l’enfant peut appeler sa maman lorsqu’il est chez son papa et inversement. Si l’enfant ne reste chez son parent que pour le week-end, « l’idéal est que les deux parents se mettent d’accord pour lui expliquer qu’il peut par exemple appeler son autre parent uniquement le samedi. » Parent et enfant pourront ainsi faire plus facilement de la place pour des moments de qualité ensemble.
« Cela aide l’enfant : il voit que ses parents se mettent d’accord, qu’ils l’aiment et qu’ils l’accompagnent dans ses difficultés. »
Jean-Marie Hoton est thérapeute, intervenant social et formateur pour les écoles, les structures d’accueil, les professionnels de l’éducation et les parents. Il accompagne plusieurs enfants et adolescents qui grandissent dans notre village d’enfants situé près de Marche-en-Famenne.
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