Familles en Belgique
Els avait vingt-cinq ans lorsqu’elle s’est rendu compte qu’elle ne pouvait pas continuer comme cela. Pendant des années, elle s’est battue pour ses trois enfants et a lutté pour sauvegarder sa relation. Jusqu’à se retrouver totalement démunie, incapable d’offrir à ses enfants les soins et la sécurité dont ils avaient besoin. Avec courage, elle est allée frapper à la porte de la Maison Simba.
« Je dois dire que je suis toujours gênée d’avoir demandé de l’aide », nous déclare d’emblée Els. « Les gens portent vite des jugements. Quand on y est contraint, cela fait mal. Chercher de l’aide a peut-être été pour moi la démarche la plus difficile à assumer. Mais c’était le bon choix. »
Els a aussi grandi, une partie de son enfance, dans une institution de l’aide à la jeunesse. Elle avait quatorze ans lorsque la vie est devenue trop difficile auprès de ses parents. Quand elle est devenue maman pour la première fois, elle s’est juré qu’elle donnerait à ses enfants tout l’amour dont elle avait été privée. Elle ferait mieux pour eux que ce qu’on avait fait pour elle. Mais encombrée de son lourd fardeau du passé et d’un compagnon de plus en plus violent, Els n’a pas pu prendre soin d’elle-même. Elle a ainsi glissé dans la dépression et dans l’addiction, malgré toute sa bonne volonté. Jusqu’à ce qu’elle se rende compte qu’elle ne pouvait pas continuer comme cela.
Le centre de conseils aux jeunes a aidé Els à faire le premier pas. On lui a fait comprendre qu’elle devait d'abord prendre soin d'elle-même, pour ensuite, à nouveau, prendre en charge ses enfants. C'est ainsi qu'on lui a parlé de la Maison Simba. « Sans aide, je ne m’en serais peut-être jamais sortie, je m’en rends compte maintenant. La Maison Simba a été un cadeau du ciel. Je ne pouvais pas rêver meilleur endroit où atterrir. Je le pense sincèrement. Je me suis sentie respectée. On nous a donné le temps d’apprendre à nous connaître et découvrir ainsi la vision de la Maison Simba. Ils voulaient vraiment nous aider. Et j’ai vu qu’ils s’occuperaient bien de mes enfants. Je leur ai récemment demandé comment ils revoyaient la période qu’ils ont passée là. Pour eux, c’est un beau souvenir, ils y ont été heureux. »
Émile, Fleur et Lilly ont vécu à la Maison Simba pendant un an environ. « Je trouvais très important qu’ils puissent rester ensemble. Et ce n’était pas évident car, avec les services de l’aide à la jeunesse, les frères et soeurs sont parfois séparés. Ils dormaient dans une même chambre et s’apportaient mutuellement beaucoup de soutien. Aujourd’hui encore, ils prennent vraiment soin les uns des autres, c’est une fierté pour moi en tant que mère.
Els De MolLa Maison Simba a été un cadeau du ciel
Durant toute cette période, Els est restée impliquée dans la vie de ses enfants en tant que maman. « La Maison Simba n’est pas une institution. Je venais souvent les voir et j’étais toujours la bienvenue. J’ai pu faire un travail sur moi, avec l’aide nécessaire. Et je savais que, pendant ce tempslà, mes enfants étaient en sécurité. »
Au bout d’un peu plus d’un an, les trois enfants ont pu rentrer chez eux, et nous avons continué à accompagner la famille pendant quelques mois. Quelque six années se sont écoulées depuis.
« Je continue encore, chaque jour, mon travail sur moi », explique Els. « Et même si j’éprouve encore des difficultés, je commence à croire en moi. J’ai presque mon diplôme d’éducatrice en poche. Je suis loin d’être le parent idéal, mais mes enfants ont en tout cas une maman qui les aime. Ils grandissent à leur rythme, libres d’être eux-mêmes, ce que je n’ai jamais connu personnellement. Pour la première fois de ma vie, je me sens fière. Et fière aussi de ma famille. »
« Tout ce processus m’a rendue plus forte. Et j’espère que cette expérience me servira à mon tour pour aider les autres. Je veux donner aux mamans qui se trouvent dans une même situation la force d’aller chercher de l’aide. Je veux assister le juge de la jeunesse et m’appuyer sur mon expérience pour bien évaluer les situations familiales difficiles. Ce sont là des projets dont je n’osais pas rêver auparavant. »