Gardons les frères et sœurs ensemble lors des placements
3 enfants sur 5
sont séparés de leurs frères et sœurs en cas de placement par l'aide à la jeunesse.La loi de 2021
donne aux frères et sœurs le droit de ne pas être séparés.Cela semble aller de soi, et pourtant ce n'est pas le cas : les enfants qui ne peuvent plus grandir chez leurs parents sont encore trop souvent séparés de leurs frères et sœurs. C’est pourquoi nous voulons changer cette situation en collaborant activement avec d’autres acteurs.
La situation aujourd’hui
Notre enquête « Nous sommes des jeunes comme les autres, malgré nos parcours particuliers » montre que trois jeunes adultes sur quatre ayant vécu dans l’Aide à la jeunesse n’ont pas de famille sur qui compter quand ils ont besoin d’un soutien pour prendre des décisions ou quand ils demandent un soutien affectif. L'une des explications ? Les frères et sœurs sont souvent séparés lorsqu'ils doivent être placés.
Le Parlement fédéral a adopté en mai 2021 une proposition de loi donnant aux frères et sœurs le droit de ne pas être séparés. C’est une étape capitale ! Nous nous sommes battus pendant deux ans avec Bernard De Vos, Délégué général aux droits de l’enfant de la Fédération Wallonie-Bruxelles, et bien d'autres pour y parvenir.
Une étude menée par la VUB fin 2022 montre toutefois que trois enfants sur cinq sont séparés de leur frère ou de leur sœur lorsqu'ils sont placés dans l'aide à l'enfance. SOS Villages d'Enfants continue de défendre le droit de grandir ensemble : « Nous devons absolument veiller à ce que cette loi ne reste pas lettre morte. »
Pourquoi grandir ensemble est essentiel
L’interaction entre frères et sœurs est une sorte de « laboratoire d’expérimentation » pour les enfants, où ils peuvent tester leurs limites. Se disputer mais pouvoir rejouer ensemble un quart d’heure plus tard. Le mélange unique entre solidarité, rivalité et amour qui existe entre eux leur permet de poser des actes qui ne seraient pas admissibles dans d’autres relations.
C’est la raison pour laquelle cette relation est si importante pour le développement. Pour les enfants qui grandissent dans l’Aide à la jeunesse, le lien de fratrie est encore plus important. Il y a trois raisons principales à cela :
- Un passé commun : ils partagent la même histoire, les mêmes questions et les mêmes émotions quant à leur passé. Cela crée un lien important pour donner une place à ce passé.
- La relation familiale la plus durable : la relation entre être les frères et sœurs constitue un lien important avec leur famille d'origine. Comme ils sont aussi de la même génération, ce lien est la relation familiale la plus durable.
- Le début d’un réseau social : en raison d'une histoire faite de changements, la plupart des enfants placés ont noué peu d’amitiés ou de relations familiales solides. Cela devient surtout un problème le jour où ils sont amenés à vivre seuls. D’une part, ils n’ont parfois personne pour les aider à relever les défis auxquels ils sont confrontés. Par ailleurs, ils souffrent souvent de solitude. La fratrie est alors le premier pas vers le développement d’un réseau social.
« Je m’inquiétais pour eux, mais ne pouvais rien faire. Je ne pouvais pas les soutenir, pas leur dire que j’étais là pour eux. Et maintenant, j’ai quatre frères et sœurs que je ne connais pas, j’ignore ce qu’ils font dans la vie. »
Idriss Dauphin, Jeune issu de l'Aide à la jeunesse
Garder les fratries unies : un principe de base dans nos projets
Donner aux frères et sœurs la chance de grandir ensemble est un principe qui se trouve au cœur de nos projets, aussi bien en Belgique qu’à l’étranger. Dans notre Village d’Enfants SOS Chantevent, près de Marche-en-Famenne, 8 enfants sur 10 vivent au quotidien avec un ou plusieurs frères et sœurs. Nous adoptons la même approche dans notre Maison d’accueil Hejmo et chez nos accueillants professionnels en famille, qui mettent l’accent sur le maintien des fratries unies.
Nos objectifs
- L’adoption de la loi est un premier pas dans la bonne direction : nous continuerons de travailler avec les décideurs politiques pour veiller à ce que la loi soit appliquée dans la pratique.
- Nous voulons inciter l’Aide à la jeunesse à investir davantage dans la force des relations familiales. Nos 75 années d'expérience dans l'accueil des enfants nous ont appris que la famille d'origine est cruciale pour l'avenir des enfants, même si leur situation est complexe.