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Rire, être présent et se montrer tel qu’on est : la recette de Camille et Lyne pour accompagner les jeunes

Écrit le 19 novembre 2025

1 enfant sur 10
souffre de ne pas être vu ni entendu.

Si 36 enfants et jeunes peuvent grandir en toute sécurité à Chantevent, c’est grâce à l’équipe éducative qui travaille sans relâche pour en faire un lieu sûr. Une cinquantaine de professionnels s’y relaient jour et nuit pour leur apporter l’attention et les soins dont ils ont besoin au quotidien. Nous avons rencontré Camille et Lyne. Chacune à sa manière, elles font en sorte que les enfants et les jeunes se sentent vus et entendus. Avec humour, authenticité et une bonne dose d’humanité. 

Un cadre sécurisant

Cela fait deux ans que Camille a rejoint l’équipe de Chantevent en tant qu’éducatrice pour les jeunes. « Moi, on pourrait me décrire comme quelqu'un de sécurisant, dans le sens où j'essaie d'être organisée, d’être assez cadrante, » confie-t-elle. « Je crois que ce cadre permet souvent aux jeunes de se sentir en sécurité, et d'oser venir me déposer ce qu’ils ont sur le cœur. »

« C'est très rare qu’un jeune me dépose quelque chose et que je n’en fasse rien, » reprend-elle. « Même si c'est un tout petit truc, j'essaie toujours d'en faire quelque chose. Je pense que c’est très important pour que le jeune puisse se sentir vu et entendu. Pour qu’il se sente en sécurité. Après, ce n’est pas notre rôle de savoir si c'est vrai ou si c'est faux, c'est pas à nous de juger. On doit juste en faire quelque chose. »

Le pouvoir du rire et de l’autodérision

Psychologue de formation, Lyne fait également partie de l’équipe d’accompagnement des jeunes. Pour elle, le rire est aussi un bon moyen de créer du lien : « Avec pas mal de jeunes, ce qui fonctionne bien c’est plutôt l’autodérision. À partir du moment où ils osent se moquer gentiment de moi, je vois qu’il y a un lien de confiance qui se crée. C’est ma posture et pour moi c’est OK. »

Avoir une attitude plus légère permet aussi de désamorcer des situations difficiles. « Il y a parfois des sujets lourds qui sont abordés. C’est aussi important de pouvoir un peu se lâcher, d’être juste ensemble en se disant OK, il y a du travail, on sait que c’est dur, on va en parler, mais ça peut passer par des moments légers. »

Une présence de qualité

« Faire en sorte d’être bien aligné et présent quand on est avec les jeunes sur le terrain, c’est la règle de base pour faire honneur au travail qu’on fait et au jeune qui nous laisse accès à lui ou elle, » explique Lyne.

Une présence qui peut parfois de passer de mots, comme le décrit Camille : « Juste en étant présent, je pense que c'est une des façons de permettre aux jeunes d'être vus. Le fait de dire ‘Viens près de moi, on va vivre quelque chose ensemble’, plutôt que de rester isolé dans son coin. »

« Parfois, c’est dans les silences qu’il y a le plus de choses qui se disent, » confirme Lyne.

Être soi-même et se respecter

Mais pour bien accompagner les jeunes, il faut aussi bien se connaître et oser se montrer tel qu’on est. 

« Si on s’ouvre au jeune, le jeune va s’ouvrir à nous. » 

Lyne, psychologue à Chantevent

« Je pense que c’est comme ça qu’il peut se sentir vu et entendu. Plus je me laisse être moi-même, avec mes failles, plus le jeune se permet d’être lui-même. Et c’est ça que moi je cherche. »

Trouver la bonne distance

Accueillir le vécu d’enfants avec des traumatismes complexes n’est pas donné à tout le monde. Il faut savoir trouver le juste équilibre : être présent pour les jeunes, sans trop s’impliquer émotionnellement.

Un équilibre que Camille a trouvé assez facilement : « La distance entre moi et mes jeunes, c’est quelque chose qui se met en place naturellement. Je pense que c’est aussi une question de respect qu’on a l’un envers l’autre. Je ne rentre pas dans son intimité, il ne rentre pas dans la mienne. C’est difficile à décrire, c’est quelque chose de naturel. »

Pour Lyne, cela reste important de réévaluer régulièrement la situation et d’en parler avec l’équipe, pour s’assurer de garder sa juste place. « C'est pour ça que c'est hyper important de très bien se connaître, d’être conscient de ce qui vient faire écho chez soi, de ce qui appartient à soi-même et ce qui appartient au jeune. Et de réfléchir à comment on se positionne par rapport à ça. »