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Gaza, Ukraine, RD Congo : la santé mentale des enfants en zone de crise

Écrit le 21 octobre 2025

Découvrez le parcours de rééducation de Sofiya,
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blessée par les bombardements en Ukraine.
Aidez des enfants en situation de crise
en leur offrant un soutien psychosocial.

SOS Villages d'Enfants Belgique soutient des programmes destinés aux enfants qui grandissent dans des régions où la guerre et les conflits font partie du quotidien. A l’heure actuelle, grandir à Gaza, en Ukraine ou à l’est du Congo peut engendrer chez eux des blessures invisibles aux conséquences désastreuses. Explications avec nos collègues actifs sur place.

Un impact traumatique pour les enfants privés de soins parentaux

« Les enfants privés de soins parentaux sont traumatisés par la violence du conflit. Certains viennent de familles où tous les membres ont été tués. Ils se retrouvent seuls, sans personne pour s'occuper d'eux, » alerte Armand Tchoffouo, directeur national de SOS Villages d'Enfants en République démocratique du Congo.

Les enfants privés de soins parentaux ont des besoins spécifiques, notamment en matière de santé mentale.

Des millions d’enfants concernés dans le monde

Dans le monde, plus de 200 millions d'enfants et de jeunes en âge scolaire sont touchés par des situations d'urgence humanitaire. En raison de ces crises, ils courent un risque élevé de développer des troubles mentaux comme la dépression, l'anxiété et le syndrome de stress post-traumatique.

Jusqu'à 142 millions d'enfants vivent dans des zones de conflit, et on estime que 24 millions d'entre eux souffrent d'un niveau élevé de détresse et ont besoin d'un soutien en matière de santé mentale.

Risque accru d'exploitation

Non seulement ces enfants ont besoin d'un accès immédiat à des services essentiels comme les soins de santé, l'éducation et le soutien psychosocial, mais les enfants séparés de leurs parents sont également plus exposés aux abus, à l'exploitation et à la violence, notamment aux enlèvements, au recrutement forcé et au trafic d’êtres humains. Ils peuvent également être arrêtés ou détenus en raison de leur association présumée avec des groupes armés et être victimes d'ostracisme ou de persécution de la part des autorités.

Les yeux du monde entier sont actuellement tournés vers Gaza, et il n'est pas surprenant que les enfants y soient profondément traumatisés. Comme le dit Zoya Thalgieh, psychologue chez SOS Villages d'Enfants en Cisjordanie, qui travaille avec des enfants évacués de Gaza : « Dans notre contexte, le traumatisme se manifeste le plus clairement à travers le comportement. Beaucoup d'enfants se comportent de manière agressive, verbalement ou physiquement. Certains s'automutilent, tandis que d'autres sombrent dans un profond désespoir ou une profonde anxiété. Pour beaucoup, la colère devient le seul moyen qu'ils connaissent pour cacher leur peur et leur chagrin. »

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Un déficit de financement aux lourdes conséquences

Un constat partagé par Bilal Naeem, coordinateur des urgences de SOS Villages d'Enfants à Gaza : « Les problèmes les plus graves sont les effets psychologiques de l'aggravation de la faim et de la famine, qui touchent directement les groupes les plus vulnérables : les enfants, les femmes et les personnes âgées. Parmi les enfants déplacés, le manque de produits de première nécessité dans les camps a entraîné des problèmes de santé et des troubles psychologiques. »

Un article publié en 2023 suggère qu'un déficit de près de 650 millions de dollars dans le financement de la protection de l'enfance expose près de 18 millions d'enfants vulnérables et de personnes qui s'occupent d'eux, vivant dans les pires crises humanitaires du monde, à des risques de violence, d'exploitation et d'abus. Le même rapport suggère que ce déficit atteindrait 1 milliard de dollars si la tendance se maintenait.

Des enfants retraumatisés par des événements quotidiens

Cette absence de soutien a de nombreuses conséquences. Tout d'abord, les enfants peuvent être retraumatisés par des événements quotidiens. Des bruits forts peuvent déclencher chez eux une anxiété énorme, car ils leur rappellent la violence dont ils ont été témoins. La perte de stabilité et les déplacements répétés sont source de stress et de traumatismes quotidiens. Les enfants se demandant sans cesse combien de temps cette situation va durer. La situation est particulièrement difficile lorsque les enfants ont vu leurs parents se faire tuer sous leurs yeux.

Ces enfants ont désespérément besoin d'aide, et pas seulement à Gaza. Anastasiia Karandashova, psychologue et conseillère en santé mentale chez SOS Villages d'Enfants Ukraine, explique : « Il est très important pour ces enfants d'avoir un « témoin » de leur expérience, un adulte qui puisse les observer, les écouter, reconnaître leur souffrance, leur offrir son soutien et leur montrer que la vie a aussi de bons côtés. Que même si les événements difficiles affectent leur vie, ils ne définissent pas leur personnalité. Cela aide à rétablir un sentiment de stabilité et de contrôle, à montrer qu'il y a encore des choses sur lesquelles ils peuvent avoir une influence. Même lorsque la guerre fait rage autour d'eux. »

Travailler avec les parents en situation de crise

À Gaza, SOS Villages d'Enfants Palestine contribue à l'intégration communautaire des familles déplacées en proposant des programmes spécifiques de soutien psychosocial : journées récréatives, séances de soutien individuelles et collectives, activités de sensibilisation et premiers secours psychologiques. Ces activités favorisent considérablement l'intégration des enfants et adolescents dans la communauté qui les entoure.

Le point de vue des enfants est au cœur de toutes les approches. Et lorsque leur voix est entendue, leur véritable personnalité se révèle. 

« Lorsqu'un enfant commence à s'ouvrir à quelqu'un en qui il a confiance, à nouer une nouvelle amitié ou à s'exprimer à travers l'art ou l'école, cela me rappelle que la guérison est toujours possible. »

Zoya Thalgieh, psychologue chez SOS Villages d'Enfants Palestine

L’importante essentielle du soutien psychologique

Malgré nos efforts, d'innombrables enfants ont encore besoin d'une aide psychologique urgente. « Le soutien psychologique doit être intégré de manière cohérente dans les interventions humanitaires, en tenant compte des ressources disponibles et des priorités, » rappelle Bilal Naem à Gaza. « Cela ne doit pas être considéré comme une activité secondaire, mais comme un élément essentiel des interventions visant à réduire les traumatismes et à renforcer la résilience des enfants ».