Vu et entendu chez Hejmo : comment les jeunes comptent vraiment
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9 enfants et jeunes vivent actuellement à Louvain, encadrés par notre équipe. Petit à petit, ils se reconstruisent après un parcours souvent traumatique.Dans la région de Louvain, SOS Villages d’Enfants accueille et accompagne des mineurs étrangers non accompagnés : des enfants et des jeunes qui ont fui leur pays et sont arrivés en Belgique sans leurs parents. Il s’agit surtout de garçons, et depuis peu aussi de quelques filles, âgés de 8 à 18 ans. Chez Hejmo, tout tourne autour du lien. Lorsque les jeunes arrivent, souvent après un long périple incertain, leur parcours ne commence pas par des règles ou des objectifs, mais par quelque chose de beaucoup plus fondamental : la confiance. « Il faut d'abord établir une relation », explique Sam, éducateur. « Ce n'est qu'ensuite que nous nous penchons sur les règles ou les objectifs. »
La confiance passe avant les mots
Beaucoup de jeunes chez Hejmo ont appris que les adultes vont et viennent. Ils ont rarement connu la stabilité. « Être fiable, c’est plus important que les mots », explique Sam. « Cela se traduit par de petites choses : être à l'heure, respecter ses engagements, écouter vraiment. » L'équipe montre un intérêt sincère pour le monde dans lequel vivent les jeunes. « Nous ne leur posons pas seulement des questions sur l'école ou leur parcours », explique Sam, « mais aussi sur ce qu'ils aiment manger, la musique qu'ils écoutent, la langue qu'ils parlent et l'endroit où ils se sentent chez eux. »
Normaliser les différences
Un principe important chez Hejmo est que les différences ne doivent pas être effacées, mais au contraire normalisées. « Nous leur montrons que leur cadre de référence est différent, et que ce n'est pas grave », explique Sam. « Ils arrivent dans un nouveau monde où tout est différent. Nous les rassurons et les aidons à se sentir en sécurité. »
La transparence comme point d'ancrage
Outre la confiance, l'honnêteté joue un rôle important. L'incertitude concernant les procédures de séjour et le regroupement familial est difficile à vivre pour les jeunes. « Ils se posent beaucoup de questions, par exemple « puis-je rester ici ? » ou « ma famille peut-elle venir ? », et cela leur cause énormément de stress », reprend Sam. « Nous essayons d'être transparents à ce sujet. Pas de fausses promesses, mais de la clarté : que savons-nous, que ne savons-nous pas encore ? Cela les rassure. » Les jeunes apprécient cette franchise. « Nous sommes toujours informés », raconte l'un d'entre eux. « Ils nous expliquent tout pour que nous comprenions ce qui se passe. »
Écouter et responsabiliser
L'un des moyens les plus efficaces pour que les jeunes se sentent écoutés est de leur laisser leur mot à dire. « Quand je leur donne des responsabilités, je remarque qu'ils se sentent vraiment écoutés », explique Sam. « Par exemple : au lieu de réveiller tout le monde à 6h30, je leur demande à quelle heure ils veulent être réveillés. Je note leurs préférences, et le lendemain, ils se lèvent sans problème. Parce qu'ils ont pu choisir. »
Cuisiner ensemble, vivre ensemble
Dans la vie quotidienne aussi, les décisions sont prises en commun. « Au début, nous avions un menu fixe chaque semaine », raconte Sam. « Cela ne fonctionnait pas : il y avait beaucoup de négociations, de résistance. Maintenant, on demande simplement : qui veut cuisiner aujourd'hui ? Et depuis, chaque soir, quelqu'un cuisine pour tout le groupe. Pas parce qu’ils sont obligés, mais parce qu’ils peuvent le faire ensemble. »
Des rêves aux actes
L'écoute des éducateurs va au-delà des murs de l’institution. Un garçon raconte fièrement : « J'ai un rêve. Je veux devenir footballeur. J'ai demandé si je pouvais jouer dans un club et ils m'ont écouté. » Aujourd'hui, le jeune s'entraîne à l'Union Lovenjoel et a marqué pas moins de cinq buts lors de son premier match. « Ce genre de moments montre que l'écoute peut vraiment faire bouger les choses », commente Sam en souriant.
Autonomie et évolution
En impliquant les jeunes dans les décisions, qu'il s'agisse de cuisiner ou d'aller à l'école à vélo, ils gagnent en autonomie. « Quand ils sont arrivés, ils n'aimaient pas aller à l'école à pied », raconte Sam. « Nous avons cherché ensemble une solution et avons pu leur fournir des vélos. Avec des cours de sécurité routière en prime. Aujourd'hui, ils se rendent seuls à l'école et à leurs loisirs. Cela leur donne de l'autonomie et de la force. »
Un travail sensible au traumatisme
Sam souligne que pour s’assurer qu’ils soient « vus et entendus », il faut tenir compte de leur passé. « Beaucoup de nos garçons ont vécu des traumatismes », dit-il. « Ils ont vécu des choses que nous pouvons à peine imaginer. C'est pourquoi nous leur laissons le temps de s’adapter, sans les submerger d’attentes. »
Un endroit sûr pour se sentir bien
En dehors de Hejmo, les jeunes se sentent parfois invisibles ou incompris. « Les réseaux sociaux véhiculent également beaucoup d'images violentes », explique Sam. « Ils ne savent parfois pas à qui s'adresser. Nous essayons d'être un endroit où ils peuvent partager cela. Où la peur et la colère sont reconnues. »
Transformer la vulnérabilité en force
L'impact de cette approche est réciproque. « Cela demande de l'énergie », admet Sam. « Mais cela apporte aussi beaucoup en retour. Leurs sourires, leur évolution, leur confiance – cela n'a pas de prix. » C’est ce qu’un des jeunes résume simplement mais avec justesse : « Au début, c'était difficile. Mais après quelques jours, j'étais en contact avec tout le monde. Et maintenant, j'ose beaucoup plus. Au début, j'allais chez le médecin avec mon éducateur, maintenant j'y vais seul. Ça fait du bien. »