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Vu, entendu et sauvé – le pouvoir de la vulnérabilité

Écrit le 19 novembre 2025

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Son enfance dans une famille complexe a entraîné chez lui des blessures, des traumatismes et une addiction qui l'ont poursuivi pendant des années. Quand la vie est devenue trop difficile, une personne ne l’a jamais laissé tomber. Yong Yello a trouvé dans la musique, mais aussi dans l’amitié, le courage d'être à nouveau humain.

« Plus je vieillis, plus je me rends compte que les gens peuvent effectivement faire du mal intentionnellement, mais que c'est généralement le résultat d'une douleur », explique Yello Staelens, plus connu en Flandre sous le nom de Yong Yello.

Cette réflexion touche directement au cœur de l'univers de l'artiste qui, à travers ses textes, explore sans cesse les frontières entre vulnérabilité et force, mais aussi entre culpabilité et pardon. Son nouvel album « Bennie en de banaliteit van ons bestaan » (Bennie et la banalité de notre existence) est devenu un outil thérapeutique, un journal intime fait de hauts et de bas. Une confession musicale sur le traumatisme, la dépendance et la guérison.

Une enfance complexe

« Je viens d'une famille compliquée », commence Yello. « Ce n'est pas que tout allait mal, mais c'était complexe. J'étais le plus jeune et j'avais souvent l'impression qu'il valait mieux que je retienne mes émotions. » Ces sentiments refoulés cherchaient un exutoire et l'ont trouvé dans la musique. « L'écriture est devenue ma façon de me comprendre. Non pas pour être entendu, mais pour survivre. » Sa chanson « Luchtkasteel » (Château en Espagne) est un cri silencieux : regardez-moi, écoutez-moi, comprenez-moi. Ses paroles ont touché une corde sensible chez les travailleurs sociaux et sont même devenues emblématiques au sein des services d'aide à la jeunesse flamands. Yello sourit. « Que les gens s'y reconnaissent est le plus beau des compliments. Je pensais que mon histoire était trop personnelle pour être universelle. Mais c'est justement ce côté personnel qui la rend reconnaissable. »

Du traumatisme de l'enfance à la dépendance

Un autre thème apparaît sur son nouvel album : la dépendance. La chanson Waarom ben ik zo destructief? (Pourquoi suis-je si destructeur ?) fait écho au texte de « Luchtkasteel ». « C'est une conséquence logique », dit-il. « Une conséquence de ce vide précoce. » Il parle ouvertement de sa longue lutte contre l'alcool : « J'ai commencé à boire à l'adolescence. Au début, cela semblait innocent, jusqu'à ce que je réalise à 18 ans que ce n'était pas normal. Je faisais du mal aux autres, je me faisais du mal. Mais j'ai continué. C'est ça, la dépendance : savoir que cela vous fait du mal, et continuer quand même. » Aujourd'hui, il ne boit plus grâce à un traitement et à un groupe de discussion. « Les médicaments m'empêchent physiquement de boire. Cela m'a apporté la paix. Et j'ai enfin pu aller de l'avant. »

La musique, une thérapie

Ses chansons sont devenues une thérapie, aussi bien pour lui-même que pour son public. « Quand je suis sur scène, je ressens les émotions des gens. Ils s'ouvrent. Parfois, les membres du groupe pleurent après le concert. Il n’y a rien de plus beau : ressentir ensemble quelque chose qui nous dépasse. » Dans « Ben er nog » (Je suis toujours là), il chante la vie comme un escalier : « Nous montons tous cet escalier avec le poids de notre douleur. Et quand nous pensons être arrivés, il n'y a pas de fin en vue. » « Cette chanson apporte du réconfort », dit-il. « Pour moi, mais aussi pour les autres. La vie est difficile, mais chaque jour où l'on continue à avancer est une victoire. »

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Celui qui n’a jamais laissé tomber

Quand il était au plus bas, Yong Yello s'est fait hospitaliser dans un service où les patients sont admis sur base volontaire pour un traitement et un accompagnement intensifs. « Je ne voyais plus d'issue. Je voulais disparaître. » C’est à ce moment-là qu’il a pu compter sur le soutien de quelqu’un qui ne l’a jamais laissé tomber. « Jan Lemmens, mieux connu sous le nom de GLINTS (autre rappeur flamand), m'appelait tous les jours. Parfois, je ne répondais pas, mais il continuait d'essayer. Il n'abandonnait pas. Et cela a tout changé. » Il sourit brièvement : « J'étais vraiment un con à l'époque, quelqu'un qui demande des conseils et fait le contraire. Mais Jan est resté. C'était de l'amitié pure. » Cette présence inconditionnelle l'a sauvé. « Il voyait en moi quelque chose que je ne voyais plus moi-même. Il a continué à croire en mes qualités, même quand je n’y arrivais plus. »

L'amour comme miroir

À la même période, il a fait la rencontre d’une femme qui comprenait sa douleur. « Elle était consciente de sa propre part d'ombre. Et pourtant, elle a choisi de croire en moi. Elle ne m'a pas seulement vu, elle m'a aidé à me revoir moi-même. » Ce n'était pas une simple histoire d'amour, mais une histoire de reconnaissance et d'acceptation. « Elle m'a fait comprendre que c’est mon bon côté qui me définit, et pas la version destructrice que je devenais parfois. Cela a sauvé mon image de moi-même. »

« Sans vous, je ne serais plus là »

Dans l'une des chansons les plus émouvantes de l'album, il remercie les personnes qui sont restées : « Pour les amis qui m'ont rattrapé quand je suis tombé, qui m'ont soutenu même si j'étais instable. Sans vous, je ne serais plus là. » « Cette chanson est avant tout pour Jan », dit-il doucement. « Mais en fait, elle est pour tous ceux qui ne m'ont pas laissé tomber. »

L'importance de rester

Son message est clair, mais nuancé : « Il faut parfois prendre ses distances avec les personnes qui vous font du mal. Mais si quelqu'un est destructeur parce qu’il souffre et non par méchanceté, c'est justement à ce moment-là qu'il a besoin de quelqu'un qui reste. Car si tout le monde abandonne, il ne s'en sortira pas. »

« En fin de compte, tout tourne autour de cela. Pas le statut, l'argent ou la gloire. À la fin de votre vie, une seule chose compte : qu'il y ait quelqu'un à vos côtés, simplement parce que vous êtes là. »

Une voix pour ceux qui ne sont pas entendus

La musique de Yong Yello est une main tendue à ceux qui se sentent perdus, à ceux qui luttent avec leur passé, à ceux qui veulent croire qu’on peut s’en sortir. « À partir du moment où on est vu et entendu, dit-il, personne n'est vraiment seul. »