Familles dans le monde

« Nous voulons juste rentrer à la maison »

15/02/2023 - Tetiana est la maman d'accueil SOS de six enfants accueillis dans l'un de nos villages d'enfants en Ukraine. Aujourd'hui, ils ont retrouvé ensemble un lieu sûr dans une maison en Pologne, après avoir passé quelque temps dans l'un de nos villages d'enfants polonais. Mais, en toute honnêteté, ils ne souhaitent qu'une chose : pouvoir rentrer à la maison.

Poland_Bilgoraj_220602_KaterinaIlievska_1105

© Katerina Ilievska

Un voyage long et épuisant

La guerre en Ukraine a bouleversé la vie de millions de familles du jour au lendemain. Tetiana et les enfants dont elle prend soin en font partie. Fin février 2022, ils n’ont pas eu d’autre choix que de fuir l'Ukraine pour la Pologne. Après un voyage long et épuisant, ils ont été accueillis dans l’un de nos villages d’enfants polonais. Depuis le mois d’octobre, Tetiana et les enfants ont quitté le village d’enfants pour s'installer dans une maison à louer dans le quartier.

Tetiana : « L'emplacement de notre nouvelle maison est bon. Il y a un peu plus de familles ukrainiennes, avec des enfants du même âge que les miens. Nous partageons une cour avec les propriétaires - un couple polonais âgé qui est très gentil et nous rend service pour tout ce dont nous avons besoin. »

« Nous sommes aussi devenus amis avec le personnel du village d’enfants. Ils nous ont beaucoup aidés pour déménager dans la nouvelle maison et nous ont même offert une cafetière comme cadeau pour la pendaison de crémaillère. Nous sommes désormais plus éloignés du centre-ville, alors le directeur du village d’enfants nous a apporté quatre vélos pour nous aider à faire les courses ou de simples sorties. »

Tetiana avec les enfants dont elle prend soin. - © Katerina Ilievska

Tetiana avec les enfants dont elle prend soin. - © Katerina Ilievska

Un stress émotionnel persistant

« Ici, nous semblons avoir tout, explique Tetiana, mais je me sens toujours anxieuse et j'ai la sensation d'avoir le coeur lourd. Je me réveille à chaque alerte, même si mon téléphone est en mode silencieux [les alertes de raid aérien sont aussi envoyées via une application téléphonique]. Ensuite, je me lève et j’erre dans la maison. »

La guerre et ses conséquences dévastatrices n’épargnent personne : « Nos vies sont désormais scindées entre l'avant et l'après-guerre. Et je ne me souviens plus de l'avant. Je veux distraire mes enfants de ce qui se passe, mais il suffit de passer quelques secondes sur les réseaux sociaux ou sur n'importe quel site pour être à nouveau happé. J'essaie de résoudre ce problème en m’impliquant dans des tâches comme la cuisine ou le nettoyage, ou simplement en accompagnant mon plus jeune garçon à l'école. L'école n'est qu'à dix minutes, mais je prends toujours le long chemin du retour pour me changer les idées. Ça aide. »

« Je veux distraire mes enfants de ce qui se passe, mais il suffit de passer quelques secondes sur les réseaux sociaux ou sur n'importe quel site pour être à nouveau happé. »

Tetiana, maman d'accueil SOS

La vie doit continuer

Tetiana raconte qu'au cours des premiers mois de leur vie en Pologne, il était difficile de faire des projets ou même d'avoir des souhaits. Avec le temps, ils ont pris conscience que la vie doit continuer et qu'ils doivent essayer de tirer le meilleur de cette nouvelle vie, peu importe le temps que cela devra durer.

« Mon garçon aîné étudie en ligne dans une école ukrainienne et a trouvé du travail dans un carwash local », explique Tetiana Les plus jeunes enfants fréquentent des écoles polonaises locales et ont tous appris à parler polonais. « Mes enfants se sont adaptés assez rapidement à la vie locale. La plupart fréquentent des classes inférieures à celles qu'ils suivraient en Ukraine, ce qui est dû surtout à la différence du système scolaire et à la langue. Mais ils fréquentent aussi des écoles ukrainiennes en ligne. »


« Il est difficile d'obtenir de l'aide pour ce que nous voulons le plus »

Parler de l'école ramène Tetiana en Ukraine. « Ici, en Pologne, nos enfants ont tout : de la lumière, du chauffage, de grandes tables où ils mangent et font leurs devoirs, une bonne connexion internet stable, de la sécurité ! En Ukraine, les enfants n'ont rien de tout cela. Ici, en Pologne, mes enfants dorment bien et ne sont pas réveillés par les alertes aux raids aériens. En Ukraine, les enfants doivent courir dans des abris à chaque bruit de danger. »

« Nous sommes en sécurité ici. Je sais que le personnel du village d'enfants nous aidera pour tout ce dont nous avons besoin. Ils sont disponibles en un coup de fil. Mais il est difficile d'obtenir de l'aide pour ce que nous voulons le plus. Nous voulons tous rentrer à la maison, en Ukraine. »

© Katerina Ilievska

« Il est difficile d'obtenir de l'aide pour ce que nous voulons le plus. Nous voulons tous rentrer à la maison, en Ukraine. »

Tetiana, maman d'accueil SOS

Apportez votre soutien et soutenez les enfants dans le besoin !

Devenez parrain